En 60 ans, l’agriculture bio est progressivement passée d’une position marginale à une question centrale de société. C’est la démarche la plus aboutie pour la protection de l’environnement, de la biodiversité et du bien-être animal, ce qui lui confère un statut particulier et des bases solides pour l’avenir.
Les origines de l'Agriculture Biologique
L’agriculture biologique est née d’une multitude d’initiatives d’agronomes, de médecins, d’agriculteurs et de consommateurs qui, depuis les années 1920 jusqu'aux années 1970, ont généré de nouveaux courants de pensées reposant sur des principes éthiques et écologiques, et initié un mode alternatif de production agricole.
Face au développement de l'agriculture intensive et des pesticides, des mouvements de paysans forment en 1972 : Nature et Progrès
Ils présentent le premier cahier de charge définissant les règles de l’agriculture biologique. En parallèle, est créée la FNAB : Fédération nationale d’agriculture biologique.
Sur le plan réglementaire, la loi française d’orientation agricole du 4 juillet 1980, reconnaît l’existence d’« une agriculture n’utilisant pas de produits chimiques, ni pesticides de synthèse ».
C'est en mars 1985 que ce mode d'agriculture est officiellement reconnu et baptisé « agriculture biologique ». Le cahier des charges du bio est officiellement homologué.
Pour assurer de la visibilité et de la transparence auprès des consommateurs, le logo AB est créé et devient obligatoire sur les étiquettes.
Aujourd'hui, la FNAB existe toujours, elle exerce un rôle de soutien aux agriculteurs bio et de développement de la bio. Elle apporte son expertise et sa force de proposition ou d'opposition face aux évolutions et modifications apportées par le gouvernement français et la commission européenne sur l'agriculture en générale et la bio en particulier.
En 1991, ce sont les textes de loi français définissant l’agriculture biologique (règlement CEE 2092/91 du 24 juin 1991) qui sont repris et adoptés à l’échelle de la réglementation européenne.
L’agriculture biologique est ainsi reconnue dans toute l’Union Européenne (UE) et les produits issus de ce mode de production peuvent être commercialisés dans tous les états membres de l’UE.
L'eurofeuille est le seul logo obligatoire pour tout produit bio. Le logo français AB est facultatif.
L’agriculture biologique est encadrée par un ensemble de textes réglementaires
L'agriculture biologique représente une méthode de production agricole qui exclut l'utilisation de produits chimiques synthétiques et d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Son fondement repose sur le respect des cycles naturels et l'intégration à long terme des écosystèmes. En plus de ces principes directeurs, l'agriculture biologique est soumise à une réglementation stricte que l'on doit connaître et respecter afin d'obtenir la certification biologique.
Un ensemble de textes a été défini pour encadrer la bio : il s'agit d'un règlement européen qui pose le cadre général et les bases des règles de production en bio depuis 1991. Celui-ci est complété par plusieurs textes plus thématiques qui viennent le préciser.
Les 5 fondements de l'agriculture biologique
1. Une agriculture sans produits chimique de synthèse
La réglementation relative à l'agriculture biologique interdit l'utilisation de produits chimiques de synthèse, notamment les pesticides, apportant ainsi des avantages considérables pour l'environnement et la santé des consommateurs.
L'agriculture biologique met l'accent sur la prévention pour protéger les cultures des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes. Elle favorise donc :
L'utilisation de variétés de semences spécifiquement sélectionnées pour leur résistance aux maladies dans le cadre de l'agriculture biologique.
L'adoption de techniques culturales spécifiques telles que la rotation des cultures et les procédés thermiques.
Le recours à des techniques mécaniques, comme le travail du sol, le désherbage thermique, le paillage et la solarisation, pour lutter contre les mauvaises herbes.
L'adoption d'alternatives biologiques pour contrôler les organismes nuisibles.
Dans le cas où une culture est sérieusement menacée et seulement dans cette situation (car aucun herbicide n'est autorisé pour lutter contre les mauvaises herbes), il est possible d'utiliser des produits de traitement phytopharmaceutique. Ces produits, tous d'origine naturelle et soumis à une autorisation de mise sur le marché délivrée par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), doivent être conformes au règlement européen encadrant l'agriculture biologique."
2. Le maintien et le développement de la fertilité naturelle du sol
L'apport de nutriments au sol est l'un des principes clés de l'agriculture biologique grâce à l'introduction de légumineuses et d'engrais verts dans la rotation des cultures, ainsi qu'à travers l'épandage de fumier de bétail ou de meilleur compost de matière organique. Les sols des terres agricoles cultivées en agriculture biologique sont riches en matière organique et abritent davantage d'animaux, parfois même microscopiques.
Le rapport de l'ITAB sur les bénéfices de l'agriculture biologique souligne que la plupart des articles de la littérature internationale concluent que les sols utilisés en agriculture biologique sont riches en matière organique.
Le même rapport indique également que la vie du sol est également plus importante, notamment en raison de l'absence de pesticides chimiques de synthèse. Les organismes vivant dans le sol, tels que les vers de terre, les champignons et les insectes de surface, sont plus abondants, diversifiés et biologiquement actifs.
Une matière organique riche améliore les propriétés physiques du sol : stabilité structurelle accrue, meilleure porosité, capacité de rétention d'eau plus élevée. Ce dernier rend les cultures plus résistantes à la sécheresse.
3. Le maintien et le développement d’un écosystème diversifié
L'agriculture biologique, par ses pratiques, permet de conserver les espèces et de restaurer les écosystèmes terrestres et aquatiques, pour ces différentes raisons :
Aucun pesticide de synthèse n'est utilisé
Les prairies, les haies, les bandes enherbées et les rotations de cultures plus variées et plus longues offrent un abri et des ressources alimentaires plus diversifiées et cohérentes
Le rapport Itab reconnaît que l'agriculture biologique contribue à la diversité et à la richesse des espèces, et peut également protéger les services écosystémiques tels que la pollinisation ou la régulation.
De plus, cette faune diversifiée est également précieuse pour les agriculteurs biologiques :
les abeilles pollinisent les cultures et les arbres fruitiers
les vers de terre fertilisent le sol
Coccinelles, crapauds, hérissons protègent les cultures
4. Le respect des besoins et du bien-être des animaux au sein des élevages
L’élevage en agriculture biologique est encadré par le règlement européen afin de mettre en œuvre des pratiques respectueuses du bien-être animal :
les animaux ont obligatoirement des accès à l'extérieur
la taille des bâtiments et la densité des animaux sont limitées
chaque animal dispose d’un espace bien aéré, de lumière et d’une surface minimum, paillée à l’intérieur des bâtiments, lui permettant de se mouvoir librement
les animaux sont nourris avec une alimentation bio
la santé des animaux est axée principalement sur la prévention, avec des méthodes et conditions d’élevage privilégiant le bien-être de l’animal et stimulant les défenses naturelles
toute souffrance doit être réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal, y compris lors de l’abattage
le personnel chargé des animaux possède les connaissances et les compétences élémentaires nécessaires en matière de santé et de bien-être des animaux
Les organismes certificateurs et autorités de contrôle sont donc chargés de vérifier le bon respect de ces dispositions lors des contrôles annuels.
5. L’interdiction d’utilisation d'OGM (Organismes Génétiquement Modifiés)
La réglementation européenne en agriculture biologique interdit formellement l’utilisation des OGM.
Le seuil de 0,9% de présence fortuite et techniquement inévitable, fixé par la réglementation générale n’est en aucun cas une tolérance. Il s’agit d’une obligation d’étiquetage au-delà de ce seuil non spécifique à l’agriculture biologique.
Les opérateurs de la filière bio prennent toutes les mesures de précaution nécessaires et les organismes certificateurs appliquent une grille d’analyse des risques pour éviter toute contamination.
En résumé
De nombreux labels liés à l'alimentation existe. Aucun ne garantit une protection comme celui du bio.
Texte réglementaire, période de conversion, contrôles annuels / trisannuels / inopinés, tests, organismes indépendants : tout est mis en oeuvre pour rien ne soit laisser au hasard.
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