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Photo du rédacteurAlexandra et Yves Planchez

Fronde des agriculteurs : l'édito de la Guinguette

Dernière mise à jour : 3 févr.




Depuis plusieurs jours en France et plusieurs semaines en Europe, la fronde des agriculteurs fait la une des médias.


  • 10% des agriculteurs gagnent moins de 800 euros par mois et 18% vivent sous le seuil de pauvreté.

  • 20% sont au SMIC

  • Les autres galèrent pour atteindre 1860€ par mois pour 60 heures de travail par semaine.

  • C'est la catégorie socio-professionnel la plus touchée par les suicides.


Les éleveurs de bovins ou de chèvre par exemple sont très touchés par cette crise.



La 1ere bataille des agriculteurs est celle de leur rémunération :


  • Leur coût de production ont augmenté de 30% (essence, électricité, matériel agricole...)

  • Leur prix de vente est resté stable et a même baissé pour certains (le lait par exemple)



Voici des exemples de prix que vous pouvez trouver cette semaine (du 23 janver) chez LIDL :


  • 0,79€ le kilo de PDT

  • 0.66€ le kilo d'oignon

  • 1.99€ le kilo de pomme


A votre avis, combien a touché l'agriculteur ?


Combien d'heure de travail pour brader ces produits à des grandes surfaces qui appâtent les clients par les prix sans se soucier de l'être humain qui se cache derrière.


La réalité est simple : moins vous achetez "cher" un fruit ou un légume, plus l'agriculteur a du baisser son prix. La grande surface ne vous fait pas de cadeau gratuitement. Il y a toujours quelqu'un qui paie l'addition et c'est souvent l'agriculteur.



80% des français soutiennent les agriculteurs mais combien sont prêt à payer plus cher le kilo pour qu'ils puissent vivre de leur métier ?


80% des français soutiennent les agriculteurs mais 50% des fruits et légumes consommés en France sont importés. Y'aurait pas comme un problème ?


  • Acheter ses fruits et légumes au supermarché, ce n'est pas soutenir les agriculteurs

  • Acheter son lait/fromage/viande en grande surface, ce n'est pas soutenir les agriculteurs


Les agriculteurs souffrent en France car :


  • Les grandes surfaces refusent d'augmenter leur prix d'achat mais augmente leur prix et leur marge dans le même temps, et encore davantage depuis février 2022. Ben oui la guerre en Ukraine, vous savez....


La FNSEA, premier syndicat représentant des agriculteurs, pointe l'augmentation des normes environnementales comme contrainte supplémentaire alors que dans les grandes exploitations en monoculture, jusqu'à 60% des dépenses de l'agriculteur concernent l'achat de pesticides !


De plus, la FNSEA demande au gouvernement la réouverture de discussion sur des sujets jusque-là pourtant clos :


  • Réintroduction de certains pesticides cancérigènes interdits

  • Développement des megabassines alors que c'est une catastrophe pour l'environnement

  • Moins de controle sur les OGM

  • Revenir sur la non-régression du droit de l’environnement



Les gouvernements successifs prétendent aider les agriculteurs a grand coup de subvention public mais :


  • Ils signent des accords avec des pays d'AmSud et la NZ pour favoriser l'importation de leurs produits en baissant les droits de douanes

  • Ils baissent leur culotte devant les patrons de grandes surfaces et refusent de promulguer des lois pour proteger les agriculteurs et leur permettre d'augmenter leur prix de vente



La réalité de la crise agricole découle de la poursuite inexorable du projet néo libérale de l'agriculture soit-disante moderne :


  • un marché mondialisé

  • des multinationales qui organisent et développent la monoculture pour assurer leur production

  • des prix de vente fixé par les acheteurs plutôt que par les vendeurs

  • réduire le nombre de paysans pour ne conserver que des exploitations immenses

  • la signature d'accord pour favoriser l'importation de produits étrangers



Du consommateur au distributeur, en passant par le revendeur et le courtier en fruits et légumes, et bien sur les politiciens, tout le monde est responsable de la situation actuelle.


L'agriculture qui s'est développée depuis l'après-guerre doit mourir et laisser sa place a une agriculture vertueuse.


Malheureusement, ce ne sont pas quelques mesures et des subventions publics qui aideront les agriculteurs


Alors que 50% des agriculteurs seront à la retraite d’ici dix ans et que le renouvellement des générations peine à se faire, il est temps de dépasser les postures et les clivages pour faire de la nécessaire transition écologique une chance pour les agriculteurs et les éleveurs.


Le consommateur peut influencer le marché par des actes simples mais forts :


  • ne pas acheter des fruits et légumes dans les grandes surfaces

  • ne pas acheter des fruits et légumes en soit-disante promotion lorsque les prix paraissent trop faibles

  • toujours regarder le prix d'achat : quand c'est trop cher, c'est bizarre. Quand c'est pas assez cher, c'est encore plus étrange..


Quelques exemples de mesure concrètes que pourrait prendre le gouvernement :


  • Donner un réel pouvoir aux agriculteurs dans les négociations commerciales avec les transformateurs et revendeurs.

  • Interdire la vente à perte des productions agricoles

  • Mieux repartager la marge effectuée par les transformateurs et les distributeurs

  • Taxer les marchandises importés de l'hémisphère sud pour que leur prix soit plus élevé et mettre des quotats d'importation

  • Accompagner les agriculteurs dans leur transition écologique en mettant en place plus de normes environnementales même pour l'agriculture conventionnelle

  • Soutenir davantage la production biologique en crise par des aides d'urgence et la structuration de débouchés : plus de bio dans les écoles, dans la restauration collective..

  • Supprimer la TVA sur les produits Bio de 5.5% à 0% pour permettre de continuer à baisser les prix



Les mesures annoncées par le gouvernement ces derniers jours ne sont absolument pas suffisante. Pourtant la FNSEA a demandé aux agriculteurs de lever le camp et de stopper les barrages.


La plupart des mesures qui ont été prises n'auront aucune influence sur le niveau de rémunération des agriculteurs. Elles auront un impact sur les grosses exploitations céréalières ou viticoles. Mais quid des agriculteurs avec des surfaces de taille moyenne ou petite ?


Parmi les mesures :


Des "contrôles massifs" des industriels et distributeurs

Notre avis : nous avons de voir comment ces contrôles vont avoir lieu et quels seront leur réel impact sur les prix pratiqués par les grandes surfaces et les industriels qui grattent toujours le moindre centime d'augmentation.


150 millions d'euros pour les éleveurs

Notre avis : une solution sur le court terme qui pourra sauver des exploitations en détresse. Mais pour combien de temps ?


Des mesures pour "une souveraineté alimentaire"

Notre avis : du blabla qui ne sera suivi d'aucune réelle mesure significative


Le plan Ecophyto mis "en pause"

La FNSEA peste contre les mesures environnementales alors que l'environnement doit être au centre de toutes les mesures à prendre quand on connaît l'impact des pesticides sur l'environnement et la planète.

Empêcher l'importation de fruits et légumes traités avec le thiaclopride

Evidemment l'idée est bonne sur le papier mais comment effectuer ses contrôles et éviter les fraudes ?


Une dérogation aux règles sur les prairies

Une nouvelle mesure qui va à l'encontre de l'environnement.



43 vues1 commentaire

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1 Comment


Guest
Feb 04

Merci pour cet article très intéressant

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